dimanche 28 août 2011

ATB Could you believe/ KLASS our own way

De la bonne musique pour finir l'été....
Et le classique KLASS our own way

un bon  lien pour écouter de la transe ou de la house: http://thedjlist.com/djs/

bonne écoute!

samedi 27 août 2011

Cinéma: le dernier Almodovar et La Contesse de Julie Delpy

Commençons par The Countess de Julie Delpy. C'est un film qui est sorti il y'a déjà un moment. La presse a été globalement très positive. Il s'agit du deuxième film de Julie Delpy après l'excellent Two days in Paris. Julie s'est facilement passer de la comédie au drame...ce qui montre un peu l'étendue de son talent. Une fille si créative ne pouvait pas être seulement comédienne. D'ailleurs, elle estime que désormais on devait d'abord la considérer comme réalisatrice (comédienne elle n'aime plus trop faire ça). Bref, tout ça pour dire que son film traite l'histoire d'Erzebeth Bathory. Résumons le assez brièvement. La comtesse Bathory perd son mari lorsque celui-ci combat les Turcs. Elle lui fait des enfants qui seront éduqués loin d'elle à Vienne par des précepteurs. Puis, elle tombe amoureuse d'un jeune homme joué par Daniel BRÜHL C'est la première fois de sa vie qu'elle connait l'amour. En parallèle, j'ai omis d'indiquer que Elisabeth Bathory suite au décès de son mari est la femme la plus riche du royaume et se positionne même devant le roi. C'est une femme très cultivée qui parle 6 langues et passe le plus clairs de son temps avec une sorcière, Darvulia. Le jeune homme, Ivan, est obligé de se séparer d'Erzebeth suite à la pression du pater. Il se marie avec une femme de la bourgeoisie danoise puisque contrairement à Erzebeth il appartient à la petite noblesse. A partir de ce moment là, on peut dire qu'Erzebeth se met à disjoncter. Elle impute la fuite de son jeune amant à sa différence d'âge et par conséquent, à sa vieillesse. Elle est aussi dans l'incapacité d'invalider cette croyance puisque que la communication avec ce dernier est impossible. Elle devient persuader que le sang de jeunes vierges constitue un traitement de choc contre sa vieillesse. Bathory va même jusqu'à penser qu'il faut sacrifier le sang de jeunes vierges de petite noblesse pour bénéficier d'un sang plus pur, mieux à même capable de la préserver contre la vie qui passe. Tout ça se finit bien sure très mal. Erzebeth est condamnée à l'isolement à vie et emmurée. Elle finit par se suicider en tentant de boire son propre sang pour se rajeunir (plus que pour en finir). 

                                                              L'affiche du film. Source: Allocine



Mon avis: Globalement, j'estime que c'est pas mal et largement au dessus des films qui sortent chaque mercredi au cinéma. Les acteurs sont formidables. Mention spéciale à Julie Delpy et Daniel BRÜHL. La qualité de l'image est remarquable, surtout lorsque l'on compare avec la production filmographique française actuelle. Surtout, on ne peut que souligner le fait que Julie Delpy fasse tout sur son film: l'actrice, la réalisatrice, la scénariste... Mais malgré tout je ne classerai pas ce film au rang de chef d'oeuvre. Certains ont rangé ce film sur cette étagère là, ce que je crois un petit peu exagérer. En effet, si on s'intéresse au sens du film, la déception pointe son nez. Le propos est vide. C'est un manifeste féministe: Erzebeth Bathory, une femme de pouvoir sacrifiée en raison de la jalousie des hommes...ou encore un manifeste contre la religion puisque l’héroïne affirme avant de mourir que Dieu n'existe pas, que c'est une chimère pour lutter contre l'angoisse de la fin... Il faut bien sûre atténuer ce message puisque Delpy montre bien que Erzebeth Bathory est coupable en parti des faits pour lesquels on l'accuse. Bref, le portrait de Bathory en héroine féministe en avance sur son temps ne me convient pas. Pourquoi Delpy n'est elle pas allée davantage en profondeur au sujet de son personnage principal? Elle aurait pu rendre l'ensemble plus intéressant. Et oui, il faut préciser que Delpy a pris ses aises quant à l'histoire de la vraie Erzebeth Bathory puisque selon Wiki (! OUI JE SAIS), elle serait morte dans son château. La thèse du suicide n'est pas évoquée, surtout de cette manière qui est peu réaliste... Se mordre le poignet pour provoquer une hémorragie, un geste quelque peu hum cannibale, je n'y crois pas trop. ET VOUS QU'EST QUE VOUS EN PENSE

Deuxième film du jour, La piel que habito d'Almodovar

Je ne vais pas présenter Almodovar, je crois que je me ridiculiserais devant tout le monde. Seulement, j'avais eu un tel choc en regardant La mauvaise éducation avec le sublimissime Gael Garcia Bernal...qui malheureusement je n'ai pas eu devant son nouveau film. Quelqu'un peut il m'expliquer la note de Télérama? Ce qui sauve le film: des acteurs formidables au rang desquels il y'a Antonia Banderas (un vieux beau), Eleana Anaya et la fausse blonde* qui joue la bonne mais qui est en réalité la mère cachée de Pedro (le chirurgien fou alias A. Banderas)et la qualité des images. 
*il s'agit de l'actrice dans Tout sur ma mère
Ce qui le rend sans intérêt: le scénario c'est à dire ce qui me tient le plus à coeur. 
le film en quelque mots: Un chirurgien fou et brillant Pedro capture le violeur de sa fille pour le transformer précisément en sa fille suite au décès de celle-ci en maison psychiatrique du fait de son viol dont elle ne s'est jamais remis. Pedro a aussi perdu sa femme morte brûlée dans un accident de voiture où elle était accompagnée par son amant qui lui a survécu. Cet amant n'est autre que le frère de Pedro puisque sa mère est la femme de ménage. Vous me suivez? Alambiqué mais bon c'est du Almodovar...oui mais du mauvais Almodovar. 


CONSEIL: n'allez pas le voir à mois qu'Antonio Banderas vous fasse quelque chose. Ce type a un pouvoir de séduction sur les femmes de 7 à 77 ans. Croyez moi...

Bon visionnage de The Countess...

Cinéma: Mélancholia de Lars Von Trier

Je pars en vacances demain et avant hier je suis allée au Mk2 Beaubourg. Au départ, je voulais regarder un film iranien (La Fête du feu) mais au final ma copine ma convaincu d'aller regarder Melancholia de Lars Von Trier (LvT). 
C'est un pur chef d'oeuvre. Le film s'ouvre sur un mariage. Justine (Kirsten DUNST) se marie dans la maison de sa soeur, Claire (aka Charlotte GAINSBOURG).Claire a un mari riche (Kiefer Sutherland). Le mari de Justine est le fils du type pour lequel elle travaille. Elle est publicitaire. LvT dans la première partie du film dresse un portrait sans complaisance de la haute société mais ce n'est pas réellement le sujet du film. Cela a pu paraître superflu à certains critiques de cinéma (Télérama). Le mariage commence bien et finit très mal. Kirsten Dunst s'éloigne de son mari. Au lieu de participer au mariage avec les invités, elle a le temps de prendre un bain, de parler à sa mère...Au final, le (triste) mariage n'est pas consommé et le mari rentre chez lui! Elle trouve même le moyen de s’engueuler avec le père de son mari et de démissionner de son agence de pub pour des raisons que je n'expliquerai pas ici. Il faut impérativement aller voir le film. Bref, le plus important c'est que lors de son mariage Justine est très fatiguée. Elle a du mal à marcher et fait même une prémonition bizarre. Elle se voit dans le jardin de la propriété enchaînée aux branches des arbres qui sont devenues "molles". 5 jours après le mariage doit en effet se dérouler un évènement astronomique capital: la planète Melancholia doit passer à côté de la terre sans la toucher. Le mari de Claire tente de rassurer la jeune femme qui a un petit garçon. Mais celle ci se doute de quelque chose en observant le comportement de Justine qui lui parait savoir des choses qu' elle ne perçoit pas. Et oui, Justine sait pertinemment ce qui va se passer. Lorsque la planète Melancholia commence à être visible depuis l'atmosphère, une scène absolument éblouissante du film se produit. Kirsten Dunst s'allonge nue sur les pierres basses du jardin situées près d'un ruisseau assez large. Son corps dénudé est alors éclairé par les reflets bleutés de la planète mystérieuse. A ce moment là du film, il y'avait une possibilité qu'il se transforme en délire mystico-sexuel, bien loin de la fin du monde tragique que LvT en bon petit farceur nous a préparé. Claire (sur laquelle la deuxième partie du film se concentre) va alors tenter de mesurer la visibilité de la planète dans l'atmosphère. Elle tente de vérifier les propos de son mari qui lui stipule que au bout de quelques temps la planète doit être de moins en moins visible dans l'atmosphère. Sa présence doit diminuer. Or, là on admire une scène tragico-comique. Claire croit voir la présence de la planète se réduire (grâce à l'instrument en fil de fer réalisé par son fils), son mari près d'elle. Claire -aka CG impressionnante dans ce rôle- est alors soulagée et se prépare une tasse de café puis elle fait une sieste sur un transat dans le jardin. Pendant sa sieste, son mari regarde précisément la planète au téléscope et fait le terrible constat que celle-ci est de plus en plus visible dans l'atmosphère. Charlotte se réveille. Elle ne voit pas son mari et se met à le chercher dans toute la maison. Elle demande à Justine qui ne l'a pas vu. Elle va finir par le retrouver dans un des boxes des chevaux morts. Il aurait absorber la boite de somnifères que sa femme au début des 5 jours se serait procuré. D'ailleurs, à ce moment là, il l'avait raillée. D'après son mari, il n'y avait aucune marge d'erreur possible. Au final, Justine, Claire et son fils vont mourir. Melancholia va absorber la terre littéralement. Ce moment est le prétexte à des images absolument éblouissante. Le génie de LvT consiste à nous faire sentir que "Dieu n'existe pas". Il n'y a rien après la mort. Le monde vivant va se mourir et la raison à son existence n'existe pas. Il n'y a pas de sens à la vie sur terre et comme le dit si bien Justine la planète est mauvaise donc autant s'en débarrasser. Pour moi, il s'agit du véritable vertige du film. Cette question il me semble est enfoui en chacun de nous.
Le - du film: Une certaine lenteur. A mon avis, l'histoire autour du mariage de Justine est une manière d'occuper le spectateur avant le plus important... Il est vrai aussi que c'est un moyen de dire que Justine ne sera jamais heureuse ou en tout les cas qu'elle gâchera son mariage qui est en théorie un moment joyeux de nos existences.  

mardi 9 août 2011

L'été du sureau de Marie Chaix

Voilà je me suis mise à lire un livre inhabituel. En l’occurrence, il s'agit de l'été du sureau de Marie Chaix qui n'est autre que la petite soeur d'Anne Beugras alias Anne Sylvestre. Marie Chaix le précise dans son livre. Ne me demandez pas non plus ce que chante Anne Sylvestre, je n'en sait rien, je sais juste qu'elle est connue... Ce roman autobiographique raconte une histoire de famille. Ce que Marie Chaix a fait me semble t'il dans ses livres précédents... D'ailleurs, son éditeur Le Seuil mentionné dans son livre estime qu'elle ne sait faire que ça... Bref, pour revenir à nos moutons, tout tourne autour de la rupture entre Richard et sa fille. Précisons que Marie Chaix a deux filles et que je ne me souviens plus du nom de la fille en question. Cette séparation lui fait un mal fou alors qu'à priori cela ne la concerne pas. En réalité, Marie Chaix aime bien Richard (Morgiève), qui est lui même écrivain. Mais surtout, cela lui remémore sa propre séparation d'avec son premier mari, un comédien dont le nom de famille était Chaix et qui est le géniteur de ses deux filles. Elle explique par la suite que ce mariage même s'il se fonde sur de l'amour, lui a permis de changer de prénom et de s'appeler Chaix au lieu de Beugras. Cette séparation prend une proportion si forte chez elle que Marie Chaix se remet à écrire à la suite de tentatives avortées. Par la suite, nous apprenons que le père de Marie Chaix a été un collabo sous Vichy et une des têtes du mouvement de Jacques Doriot aka le fondateur de la Milice. Albert Beugras a été condamné à la perpétuité à la Libération. Jean, le grand frère de Marie, a été tué par la faute de son père qui lui a demandé de partir avec lui lorsqu'il a voulu se cacher à la Libération. Quant à sa mère, ce n'est pas mieux si on peut dire les choses comme ça... Elle a sacrifié sa jeunesse pour son mari. A la libération anticipée de son mari, elle a un accident qui la rend handicapée. Albert couche avec d'autres femmes (en témoigne les traces de rouge à lèvre lorsqu'il rentre éméché le soir). Paul le second grand frère tombe amoureux et quitte la maison familiale. Il a quelques années de répit avant de décéder d'une maladie mortelle. Marie Chaix nous raconte un passé qui ne passe pas et qui au présent lui mine encore sa vie malgré l'écriture de ses précédents livres. Ce passé malsain resurgit à la mort brutale d'Alain Oulman son nouvel éditeur (Calmann-Lévy) avec qui elle réessayait d'écrire un bon livre après s'être fait virée du Seuil . En soit, l'écriture peut être une thérapie mais pas vraiment un moyen de guérison.
J'espère que je n'ai pas fait de fautes de compréhension mais bon je tiens à préciser que je l'ai lu à la vitesse éclair. J'ai pris ce livre pour ma mère à la bibliothèque. Mon avis? Ce livre s'adresse aux femmes et aux mamans... Très sensible, profond mais personnellement je suis incapable de saisir ces subtilités. Je pense que c'est un livre qui ne s'adresse pas à tout le monde.

lundi 8 août 2011



Neige d'Orhan PAMUK

La semaine dernière, j'ai fini de lire Neige d'Orhan Pamuk. J'avais déjà précédemment essayé de lire Mon nom est rouge du même auteur. Je tiens à dire que je n'avais pas fini de lire ce thriller. Avant de donner mon impression sur la lecture de ce roman, je tiens à vous présenter brièvement les personnages et à vous dresser résumer succin du livre.

Les personnages:

D'abord, il y'a inénarrable Ka qui me fait penser au Joseph K. de Kafka: Ka est né dans une famille bourgeoise d'Istanbul. Il revient en Turquie après une longue période d'exil politique en Allemagne où il a refait sa vie (si on peut dire). Il se rend à Kars où il doit enquêter pour le compte d'un journal stambouliote sur le suicide de jeunes filles voilées. C'est la raison "officielle" de sa venue à Kars. En réalité, Ka qui est aussi poète souhaite revoir la magnifique Ipek. Son objectif tout au long du roman-malgré quelques périodes de doute- est de ramener Ipek en Allemagne. Ainsi, Ka pourrait enfin réaliser son rêve de bonheur.

Ipek: Ka précise bien qu'elle est magnifique et plus belle que sa soeur Kadife.
Kadife: Elle est la meneuse des "filles voilées" à Kars. Elle défend le droit de porter le voile même dans les établissements publiques tels que l'école.
Ipek et Kadife vivent avec leur vieux père dans l'hôtel qui lui appartient à Kars.
Lazuli: Kadife sort avec lui. C'est un terroriste islamiste qui traine avec lui une réputation sulfureuse: il serait à l'origine d'attentats contre des personnalités kémalistes et qui ont donc publiquement désavoué l'Islam.
Zaim: C'est un acteur de théâtre et une ancienne gloire d'Istanbul où dans sa jeunesse il était célébre pour jouer des personnages historiques de grande envergue à l'instar de Napoléon (ce genre là). Sa chute commence justement à partir du moment où il est justement pressenti pour jouer le plus grand rôle de Turquie, celui de Mustapha Kemal alias ATATÜRK. Il a connu Ka dans sa jeunesse puisqu'il vient lui même d'un milieu aisé. Comme Ka, c'est un déraciné. Sa vie consiste à partir de sa chute à présenter ses spectacles dans coins paumés de la Turquie tel Kars. Personnellement, j'ai détesté ce personnage.
Necip et Fazil: ce sont des jeunes étudiants au Lycée des prédicateurs c'est à dire au lycée religieux de Kars. Ils se ressemblent tellement au point que Ka confond (de loin) Necip avec Fazil. Notre poète se sent très proche de Necip qui "en pleine crise de foi" vient lui poser des questions sur l'athéisme et la religion. Necip est un personnage très attachant. Il aime secrètement Kadife, la maitresse de Lazuli tandis que son ami Fazil a une tendresse particulière pour Teslime une des jeunes filles voilées qui s'est malheureusement suicidée.
Muhtar: Il souhaite devenir maire de Kars sous la bannière du parti religieux, le Refah. Il a été marié à Kadife avec qui il a divorcé. Il souhaite se remarier avec elle et compte sur l'aide de Ka pour le lui faire savoir. C'est un personnage naïf.
Voilà pour moi les personnages principaux de Neige.

Résumé:
Le livre s'ouvre sur l'enquête de Ka au sujet des filles suicidées. Déjà Ka apparait comme "un fouille-merde" et est facilement repéré par les services secrets de Kars. Au travers de ces interrogatoires, il rencontre des tas de personnages. Il y'a bien entendu Necip et Fazil mais surtout Lazuli terré dans la ville car il est recherché par les services secrets. L'événement tragique qui structure le roman est le coup d'état kémaliste orchestré par Zaim avec l'aide de l'armée et des services de renseignement de Kars lors de la fête organisée par la ville au Théâtre de la nation. Il s'agit du premier spectacle télédiffusé de Kars. Zaim profite de l'isolement de la ville en raison de la neige. Ce coup d'état engendre l'arrestation des islamistes parmi lesquels il y'a les jeunes étudiants du lycée des prédicateurs mais aussi des Kurdes dont on présume qu'ils soutiennent l'action terroriste du PKK. Ce coup d'état d'opérette aboutit à un véritable massacre. Necip est assassiné au théâtre de la Nation où les premières salves de balle sont tirées. Lazuli est recherché. Les services de renseignement demandent à Ka où se trouve Lazuli. Celui-ci s'abstient de dire quelque chose. Il rencontre Zaim, leader de la lutte contre les terroristes islamistes et kurdes qui d'après lui, menacent l'Etat laïque turque à Kars. L'acteur fait tout un sermon méprisant à l'égard de Ka qui représente le libéral peureux qui tout en souhaitant la laïcité pour la Turquie se refuse à condamner les islamistes. Il soupçonne aussi Ka de sympathie avec les islamistes (ce qui n'est pas faux). Or pour Zaim qui est l'image d'une certaine partie de l'élite turque, l'islam politique est synonyme du retard de la Turquie face à l'Occident. Orhan Pamuk parle beaucoup de l'Europe pour signifier l'Occident plus que des Etats-Unis. Pour moi, cela fait parti des instants littéraires mémorables du livre. Au final, Lazuli est arrêté. Ka prévient Kadife et un compromis est trouvé avec Zaim. Si Kadife souhaite la libération de Lazuli, elle doit lors d'une dernière représentation théâtrale sous l'égide de Zaim se dévoilée. Ce serait la preuve que la figure principale des filles voilées de Kars accepterait enfin les valeurs kémalistes. Kadife finit par accepter le marché. Toute cette tragi-comédie se finit par un bain de sang. Zaim est tué lors de la représentation par Kadife grâce à son pistolet chargé. Cette action était prévue dans la pièce. Zaim voulait mourrir sur scène se sachant atteint d'une maladie incurable. Lazuli est pendant ce temps là caché en sécurité. A ce moment là du livre, le lecteur peut penser que tout peu s'arranger même si il a été averti auparavant que Ka a été tué à Francfort de retour à Kars. Il n'a donc aucun espoir que le livre se termine bien mais il se demande comment justement ce dernier peut finir mal. C'est là tout le suspens de la fin du livre: "Pourquoi tout se termine si mal, par la mort de Ka seul à Francfort?". Et bien, Ka va apprendre que Ipek a entretenu une liason avec Lazuli avant celle de Kadife avec ce dernier et que même pendant un temps, Lazuli a eu des relations avec les deux soeurs en même temps. Cela brise net Ka. Il se sent trahi alors même qu'il était sur le point d'emmener Ipek en Allemagne et d'être enfin heureux. Lazuli finit assassiné par l'armée (?), bref par l'Etat. Ipek se doute que c'est Ka qui a vendu Lazuli et en tout les cas ne souhaite plus partir avec lui à Francfort. On sait par la voix du narrateur qui est l'ami de Ka et qui raconte son histoire avant sa mort incongrue à Francfort que c'est bien Ka qui est à l'origine de la mort de Lazuli et qu'il l'a donc dénoncé. Le bonheur de Ka est donc évanoui à jamais. Lorsque le narrateur retourne à Kars, plus personne n'aime Ka car toute la ville se doute qu'il a dénoncé Lazuli. Par ailleurs, Ipek (le narrateur est lui aussi subjugué par sa beauté) remet en question l'amour de Ka puisque suite à son départ pour Francfort il n'est pas retourné à Kars pour la reconquérir. Le narrateur trouve bien deux lettres dans l'appartement de Ka à Francfort destinées à Ipek mais que le triste poète n'a pas envoyé. L'hypothèse est faite que Ka a probablement été tué par des islamistes de Francfort pour venger la mort de Lazuli. Quant à Kadife, ironie de l'histoire si on peut dire, elle épouse Fazil qui se mit à l'aimer brusquement après la mort de Necip. L'excuse de Fazil pour son comportement alors qu'il est un ancien religieux fervent est que c'est l'acharnement amoureux de Necip qui l'a fait tomber amoureux de Kadife.
Ce drame se déroule sous la neige dans la ville pauvre de Kars qui apparait comme une ville de fin du monde. Les heures glorieuses de la ville ont disparu notamment suite au massacre des arméniens, au départ des Russes...Un des poèmes de Ka s'appelle Neige (celui qu'il prononce au théâtre de la Nation).
Bon voilà ce qui me revient à propos de Neige. Je tiens à préciser que je ne l'ai pas sous la main (je l'ai rendu à la bibliothèque Parmentier pour ceux qui connaissent). Par exemple, je confond l'armée avec la police et les services de renseignement. Je ne peux malheureusement pas vérifier.

Mon impression au sujet de ce livre: C'est bien entendu un livre à lire de tout urgence. La langue d'Orhan Pamuk est absolument magnifique. Ce qui peut freiner tout lecteur est à mon avis ce qui ma moi même freiner a savoir le rythme lent du livre. Pamuk a tendance à se perdre dans ses magnifiques descriptions.
Ce que j'aime le + dans ce livre: Pamuk ne se range pas aux côtés des Occidentaux qui dénigrent l'islam en rendant cette religion responsable du retard des pays du Proche Orient (et du Maghreb). C'est personnellement un discours que j'entends souvent en France à la télévision dans la bouche de personnalités de l'acabit de Monsieur Eric Zemmour. C'est la position de Zaim dans le livre et en général des représentants de l'Etat: les militaires, les policiers... Au contraire, Ka va devenir croyant même s'il va avoir tendance à individualiser sa croyance à l'occidental. Il voit sa foi comme un rapport personnel avec Dieu plutôt que comme un ensemble de traditions qui unissent une communauté à savoir celles des musulmans convaincus de Kars. L'auteur est dans une position intermédiaire. Ka ne se soumet pas entièrement à l'Occident qu'il connait bien puisqu'il vit en Allemagne et qu'il a été un ancien communiste lors de sa jeunesse stambouliote. C'est en cela qu'on dit que Pamuk s'interroge sur les rapports entre Orient et Occident. Je suis moyennement d'accord avec cette formulation. D'après moi, Pamuk s'interroge davantage sur le chemin que doit suivre la Turquie pour se moderniser.